| Projet par | Terres Vivantes | |
|---|---|---|
| Objectif principal | Zones de production primaire | |
| Autres objectifs | Produits agricoles et animaux Produits primaires importés | |
| Région | Wallonie | |
| Inscrit le | 2022-10-21 |
Qui est concerné ?
Les agriculteurs, les transformateurs et distributeurs de produits agricoles. Les artisans et industries d’amont. Les chercheurs, enseignants, étudiants, décideurs, … Les cantines, restaurants, écoles, entreprises, administrations.
Comment le projet contribue-t-il à l'objectif ?
3.000 agriculteurs en transition agroécologique d’ici 2030
730.000 ha, soit environ 7 millions tonnes de produits (en matière sèche)
Comment les critères de l'objectif sont-ils remplis ?
L'agroécologie est basée sur l’imitation de la nature. Elle implique un changement de paradigme qui devrait conduire à l’abandon du concept de lutte contre la nature pour, au contraire, collaborer avec elle et respecter ses lois. Elle implique aussi une approche holistique de l’ensemble des secteurs agricoles et alimentaires, aux antipodes de l’approche réductionniste du système agricole actuel. Cette double approche, biomimétique et holistique, conduit à une réforme de la chaîne alimentaire et un nouveau pacte entre agriculteurs, entre agriculteurs et autres citoyens, entre l’homme et la nature.
La stratégie écologique de l’agroécologie consiste à remplacer les intrants commerciaux produits par une utilisation importante d’énergie fossile, comme les engrais et les pesticides, par des services écosystémiques fournis par la biodiversité. L’azote de synthèse y est remplacé par l’azote fixé par la symbiose entre les légumineuses et des bactéries fixatrices d’azote. Une luzerne ou un trèfle violet par exemple peuvent fixer de 300 à 400 kg d’azote par ha et par an c.à.d. bien plus que ce qu’épandent les agriculteurs dans leurs champs. Les fongicides peuvent être remplacés par un sol vivant où les bactéries et les champignons non pathogènes protègent les plantes cultivées des micro-organismes pathogènes. Les insecticides peuvent être remplacés par un réseau écologique constitué de bandes herbeuses, de haies et d’autres éléments qui favorisent les populations des ennemis naturels des ravageurs des cultures. La structure et la fertilité du sol peuvent être améliorés par l’activité des micro-organismes et de la faune du sol ainsi que par l’arrêt du travail du sol par des opérations mécaniques violentes comme le labour.
Ces services rendus par la biodiversité sont la raison pour laquelle les systèmes agroécologiques investissent dans la restauration de la biodiversité, du sol au paysage, des assolements de cultures à la diversité des acteurs.
Comme la plupart des opérations réalisées par des agriculteurs conventionnels sont assurées par d’autres organismes vivants dans les systèmes agroécologiques, le travail par hectare ou par animal y est considérablement réduit. Cela dégage du temps pour d’éventuelles autres activités rémunératrices ou de loisirs.
Les systèmes agroécologiques sont plus résilients aux changements climatiques que les systèmes conventionnels grâce à leur diversité intrinsèque, à la restauration des taux de carbone dans les sols qui améliorent l’économie en eau, au choix d’espèces, de cultivars et de races plus rustiques par rapport à leurs équivalents actuels.
Les systèmes agroécologiques réduisent les changements climatiques en stockant du carbone dans les sols et la végétation, et en diminuant l’utilisation d’énergie fossile dans les pratiques agricoles et notamment dans les deux postes nécessitant beaucoup d’énergie fossile que sont le labour et l’utilisation d’engrais azotés de synthèse. Le labour et les travaux intensifs du sol sont remplacés principalement par des couverts, le semis direct et des cultures compétitives vis-à-vis des adventices. L’azote fixé par le procédé énergivore d’Haber-Bosch est remplacé par de l’azote fixé biologiquement.
Les systèmes agroécologiques sont donc des systèmes qui vont au-delà du bio.
La stratégie économique de l’agroécologie consiste d’une part à diminuer drastiquement les coûts de production et d’autre part à augmenter les recettes par la production de produits de qualité, la transformation des produits et leur commercialisation en circuit court et local par rapport à la situation de l’agriculture conventionnelle. Comme les coûts diminuent et les recettes augmentent en agroécologie, les profits sont comparables ou supérieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle. C’est surtout la valeur ajoutée par hectare et par personne qui augmente significativement.
Les systèmes agroécologiques ont prouvé leur efficacité économique dans une gamme de productions et de situations géographiques en Europe (Van der Ploeg et al. 2019[1]). Les indicateurs économiques sont en moyenne 50% supérieurs en agroécologie dans cette étude (+10% à +110%) par rapport aux systèmes conventionnels.
Ce système agroécologique est aujourd’hui suffisamment performant pour être diffusé à large échelle.
L’objectif de ce projet consiste à diffuser ce système agroécologique dans le milieu agricole de façon à ce qu’un maximum d’agriculteurs wallons initient une transition vers l’agroécologie.
Le projet pourrait atteindre à terme environ 3.000 agriculteurs wallon s’il se poursuit et s’intensifie à l’avenir. Étant donné l’âge moyen élevé des agriculteurs et le faible taux de reprise des fermes conventionnelles, on peut considérer qu’une grande proportion des agriculteurs gérant des fermes ayant un avenir seraient alors encouragés à entamer une transition vers l’agroécologie.
La méthode de travail est holistique et participative. Cette méthode se base sur un partenariat entre une équipe d’agronomes, un groupe d’agriculteurs “pilotes” et d’autres parties prenantes. Elle réunit les principales personnes concernées, les agriculteurs eux-mêmes. Ceux-ci interviennent à chaque étape du projet et sont considérés comme des détenteurs de savoirs et pas seulement comme des personnes à conseiller. Cela a l'avantage de trier rapidement les solutions techniques : seules les solutions acceptables pour les agriculteurs sont promues. Il y a donc dès le départ une intégration des dimensions écologiques, sociales, économiques et techniques dans les activités du projet. Les valeurs culturelles des agriculteurs sont prises en compte de manière implicite. Les connaissances des agriculteurs et des agronomes sont combinées, les uns apportant leur expérience pratique, les autres leurs connaissances techniques et scientifiques. Lorsque ces deux types de connaissances sont associés, des solutions réalistes et pragmatiques émergent rapidement.
[1] Van der Ploeg, J. D., Barjolle, D., Bruil, J., Brunori, G., Madureira, L. M. C., Dessein, J. , Drag Z., Fink-Kessler A., Gasselin P., Gonzalez de Molina M., Gorlach K., Jürgens K., Kinsella J., Kirwan J., Knickel K., Lucas V., Marsden T., Maye D., Migliorini P., Milone P., Noe E., Nowak P., Parrott N., Peeters A., Rossi A., Schermer M., Ventura F., Visser M., Wesel A., 2019. The economic potential of agroecology: Empirical evidence from Europe. Journal of Rural Studies, 71, 46-61.
Quels sont les avantages du projet ?
Le système agroécologique, bio sans labour (ABC), a les caractéristiques et les effets suivants sur la biodiversité :
Un réseau écologique dense constitué de bandes herbeuses de 3 m de large en bandes parallèles distantes de 60 m sur toute la surface de terres arables des fermes. Il est constitué de 3 types de couverts alternant tous les 30 m dans chaque bande, dont des prés fleuris. Ce réseau favorise les prédateurs et les parasitoïdes des ravageurs des cultures. Ils ont aussi une influence très positive sur les oiseaux (perdrix grise, passereaux dont pie-grièche écorcheur) et mammifères (lièvre, chevreuil, …).
Un réseau de haies diversifiées, comprenant une vingtaine d’espèces, qui se relaient pour produire du pollen et du nectar depuis janvier/février jusqu’en juin/juillet, puis des fruits de juin à décembre. Cela favorise les insectes pollinisateurs dans leur ensemble, et les oiseaux frugivores.
La mise en place d’autres éléments du réseau écologiques est encouragée : mares, étangs, tas de pierre et de bois, etc.
L’absence d’herbicides dans le système permet un développement modeste d’adventices mais suffisant pour favoriser des oiseaux (perdrix grise) et des insectes.
L’absence d’insecticide permet le développement d’insectes et d’arachnides
L’arrêt du labour et la couverture permanente du sol avec des cultures principales et des couverts booste la vie du sol (bactéries, champignons, vers de terre, etc.) qui eux-mêmes constitue une base trophique pour de nombreux autres organismes, dont des oiseaux.
Les couverts diversifiés de type Biomax, semés entre deux cultures principales, constituent un habitat pour les alliés des cultures (insectes surtout), des pollinisateurs, des oiseaux en halte migratoire ou en hivernage, des mammifères, etc.
L’intégration cultures/élevages de ruminants nécessite l’existence de prairies permanentes (généralement bocagères) et temporaires qui constituent une ressource alimentaire pour de nombreux insectes et oiseaux notamment. La présence de ruminants attire des insectes consommés par des hirondelles par exemple. Le milan royal chasse dans les prairies récemment fauchées. Etc.
La diversité des rotations des cultures multiplie les sources alimentaires de graines (lin, chanvre, céréales classiques, maïs, …), de tubercules et permet de fournir des couverts refuges à tout moment pour les animaux.
Le projet associe un grand nombre d’acteurs : Les agriculteurs, les transformateurs et distributeurs de produits agricoles. Les artisans et industries d’amont. Les chercheurs, enseignants, étudiants, décideurs, … Les cantines, restaurants, écoles, entreprises, administrations.
Cet engagement s'inscrit également dans les initiatives suivantes
Label bio de l'Union européenne https://www.labelinfo.be/fr/la...
Label Biogarantie https://biogarantie.be/
Label Écogarantie https://ecogarantie.eu/
Natagriwal https://www.natagriwal.be/